Jeudi 24 Mars 2011. Une association de malfaiteurs originaire de Beauvais (Oise) organise le convoyage d'une grande quantité de produits stupéfiants depuis Séville (Espagne). Monté à bord d'un véhicule BMW 530 de couleur noir qu'il a loué dans une agence Avis à Roissy avec sa propre carte bleue, Zohire Zaafari, trente ans, transporte désormais 420 kg de résine de cannabis. Un véhicule de même marque et modèle monté par deux complices est chargé d'ouvrir la voie pour repérer d'éventuelles patrouilles de police ou de douanes.
A Niort (Deux-Sèvres), un dispositif de contrôle douanier est mis en place sur l'A10 fort de deux véhicules et quatre motos, en association avec la gendarmerie pour l'identification d'éventuels trafiquants de drogue. A 9h32, un premier véhicule BMW 530 suspect est signalé. A 9h40, le véhicule conduit par Zaafari est également signalé.
Alors que les malfaiteurs atteignent les environs de Châtellerault (Vienne), un véhicule des douanes et deux douaniers motocyclistes de la Brigade de surveillance intérieure de Poitiers (Vienne) se positionnent derrière le véhicule de Zaafari, lequel accélère aussitôt et prend de nombreux risques. Il distance le véhicule des douanes, pas les motards qui, engagés à plus de 230km/h sur l'autoroute A10, gardent la BMW à vue.
Vers 10h20, alors que le véhicule atteint une zone de travaux longue de 248 mètres près de la commune de Nouâtre (Indre-et-Loire), Zaafari freine brutalement puis accélère de nouveau en se déportant sur sa gauche. La manoeuvre surprend l'agent de constatations de 1ère classe Damien Rouillier qui est percuté très violemment par l'aile arrière gauche du véhicule du malfaiteur.
Projeté à plus de 150 mètres du point d'impact, le motard est découvert très grièvement blessé et héliporté au centre hospitalier de Tours. Le déclenchement du plan Épervier ne permet pas d'intercepter le malfaiteur, mais son véhicule est retrouvé abandonné avec sa marchandise près de la commune de Maillé (Indre-et-Loire). Valeur estimée par les services des douanes à 840.000 euros.
Les deux occupants de la voiture "ouvreuse" sont interpellés le jour même alors qu'ils gravitent autour de la même commune. Il s'agit de Sylvain Caron, vingt-sept ans, et Andy Camelo Ferreira, vingt-deux ans. Damien Rouiller décède des suites de ses blessures le lendemain des faits.
L'enquête est confiée à la section criminelle de l'antenne de la police judiciaire de Tours, conjointement à l'Office centrale pour la répression du trafic illicite de stupéfiants qui identifie rapidement le fuyard. Une fiche de recherche est diffusée à toutes les forces de l'ordre et gagne la presse.
Mardi 29 Mars 2011. Confronté à l'inutilité de sa fuite, Zohire Zaafari se constitue prisonnier. Il est écroué et inculpé aux chefs de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la
donner, mise en danger de la vie d'autrui et trafic de stupéfiants en bande
organisée. Il a toujours refusé de révéler les noms de ses commanditaires, lesquels lui auraient promis 10.000 euros en échange de l'importation des produits.
Le même jour ont lieu les obsèques officielles de Damien Rouillier, au siège de la direction des douanes à Poitiers, en présence du ministre du budget François Baroin, et du directeur général des douanes, Jérôme Fournel.
Natif de Saint-Nazaire, Damien Rouillier, trente-huit ans, était marié à
Barbara et père de deux enfants âgés de 8 et 6 ans. Entré dans les
douanes françaises en 2006, il est décrit comme un père accompli et un
homme dynamique, très investi dans sa communauté. Ce passionné de karaté
était effectivement conseiller municipal de Vivonne (Vienne) depuis 2008, membre
à la fois des commissions consacrées aux campings, aux sports et à la
voirie. Il est nommé contrôleur principal des douanes à titre posthume, élevé au grade de chevalier de la légion d'honneur. Il repose désormais au cimetière de Vivonne.
Jeudi 2 Avril 2015. La cour d'assises spéciale de Paris condamne Zohire Zaafari à 9 ans de réclusion criminelle. Poursuivis pour le seul trafic de stupéfiants, Courbon et Ferreira écopent de 4 ans de prison. Prison ferme pour le premier, qui est écroué à l'issue de l'audience ; deux ans avec sursis pour le second.
Sources :
JORF n°0152 du 2 juillet 2011
page 11336,
texte n° 1, "Décret portant nomination"
La Nouvelle-République, article du 05/04/2015, "Go-fast mortel : les coulisses de l'affaire"
La Nouvelle-République, article du 02/04/2015, "Go-fast : pourquoi avoir tué un mari, un frère... "
La Nouvelle-République, article du 21/03/2015, "Le go-fast fatal à un douanier jugé aux assises de Paris"
RTL, article du 21/03/2015, "Go-fast mortel : le procès de tois hommes commencent à Paris"
Centre-Presse, article du 03/04/2015, "Go-fast : 9 ans de réclusion pour la mort du douanier"
Le Maine-Libre, article du 21/11/2011, "Mort d'un douanier après une course poursuite avec un trafiquant"
France-Soir, article du 26/03/2011, "Damien, douanier victime du devoir"